 Deux théorbistes : Stephen Stubbs et Paul O'Dette sont à l'origine de la découverte de cette Passion selon St Mathieu de Johan Sebastiani, contemporaine de celle de Schütz et créée au festival de Boston en 2014. Comme toutes les Passions archaïsantes (Johann Theile, Thomas Selle), cette œuvre, déclinée en sept parties bien distinctes, privilégie l'évangéliste (Afin de faciliter l'écoute et la compréhension des fidèles) en alternant ici son récit avec de brefs chorals et des interventions des différents protagonistes, Jésus, Pilate, Judas et la foule. Dispositif que l'on retrouve dans les Passions de Telemann, de Stölzel ou de Haendel et bien sûr dans celles de Bach qui réinvente le genre tout en le sublimant. L’œuvre de Sébastiani n'évite pas une certaine monotonie due à cette prééminence du récitant (Le ténor Colin Balzer méritant mais sans relief), à l'absence de chœur (la "Turba" est ici restituée par les six chanteurs), et d'un instrumentarium volontairement restreint (Un violon, quatre violes de gambe, deux théorbes, un orgue et un clavecin) réduit le plus souvent à la fonction d'accompagnement. Le compositeur mélange volontiers le style orné italien (Natif de Koenisberg, il étudia en Italie d'où le Sébastian(i) et la rhétorique luthérienne (L'utilisation inédite de chorals dans l’œuvre). La musique de Sébastiani évoque bien souvent celle d'Heinrich Schütz sans en posséder ni le génie rhétorique ni la subtilité harmonique. Quelques beaux moments soutiennent cependant l'intérêt (Crucifixion et Mise au Tombeau). De la distribution vocale, on retiendra le Jésus de Christian Immler, blessé de toutes parts, et le Judas tourmenté du contre-ténor Nathan Medley voix fragile hantée par son personnage. Une belle découverte. (Jérôme Angouillant)  Johann Sebastiani’s name no doubt will be familiar only to a few certified music experts. Born in Weimar in 1622, Sebastiani spent a good many years of his life in Königsberg, where he arrived around 1650 and later was appointed court chapel master. He composed countless occasional works as well as a St. Matthew Passion (1672) – a welcome addition to our picture of Lutheran church music and a work closing a gap in the history of Passion settings between Heinrich Schütz and Johann Sebastian Bach. Stephen Stubbs, Paul O’Dette, and their Boston Early Music Festival Chamber & Vocal Ensemble have fond memories of Bremen, where they have recorded in the radio broadcast hall on various occasions and produced Marc-Antoine Charpentier’s Baroque opera La Descente d’Orphée aux Enfers, for which they won a Grammy Award in 2015. Their current release featuring Johann Sebastiani’s St. Matthew Passion pays tribute to Königsberg’s music culture and to the composer who was one of its central representatives.

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