Les cordes dans leurs graves font une nuit que percent les violons, un célesta bat comme un cœur, le paysage s’agrandi. Non ce n’est pas l’ouverture des Stigmatisés de Schreker, mais les quatre premières pages du chef-d’œuvre de Josef Marx, Eine Herbstsymphonie, qui aura donc dû attendre un siècle avant d’être enregistré. L’œuvre divisa la critique mais enivra le public lors de ses deux créations successives, Félix Weingartner la dévoilant à Vienne, Clemens Krauss assurant le concert à Graz, ville natale du compositeur. Vous avez dit postromantique ? L’orchestre immense de Marx déploie une imagination sonore et une palette de couleurs qui l’associeraient plutôt au postimpressionnisme d’un Respighi et par instant ses saturations harmoniques le font approcher des Symphonies de chambre de Schreker, des Poème de Böcklin de Reger, du Pelleas und Melisande de Schönberg : l’expressionisme n’est jamais loin derrière ces étoffes de sons saturées de motifs comme les toiles de Klimt. L’œuvre est suffocante de beauté avec pour seul point faible l’épisode de musique orientale du finale, écho du séjour turc du compositeur alors qu’il était en mission à Ankara, mais Johannes Wildner et l’orchestre de Graz, rendant hommage à l’enfant du pays, savent le rendre anodin alors que partout ailleurs ils soignent les ors et les incarnats d’une partition splendide, sommet de la littérature orchestrale des années vingt que Wilhelm Furtwängler regardait avec raison comme un chef d’œuvre. Ajout majeur à la discographie d’un compositeur que l’on redécouvre enfin et qui mériterait de voir l’autre part essentielle de son œuvre, les cent-cinquante et quelques lieder, entièrement enregistrée. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Enfin ! Cela fait des lustres que les amoureux du post-romantisme viennois espéraient une gravure de cette œuvre quasiment légendaire. Sa création par Weingartner en 1922 fut un scandale retentissant avant que la reprise la même année sous la baguette de Clemens Krauss soit, elle, un triomphe éclatant. Les dimensions quasiment mahlériennes de cette symphonie de plus d’une heure, son orchestre démesuré, sa luxuriance orchestrale et sa formidable difficulté de mise en place allaient ensuite la faire disparaître du répertoire dès 1927. Depuis quelques années des exécutions de concert, parfois entachées de coupure avaient créé une certaine effervescence autour de cette page mythique, autant poème symphonique que symphonie en quatre parties. A défaut de l’illustre philharmonie de Vienne, historiquement associée à l’œuvre, c’est celle de Graz à laquelle CPO confie le soin d’enregistrer pour la première fois ce monument sous la baguette experte de Johannes Wildner, qui s’était déjà fait les dents sur la version allégée du finale rebaptisée Feste im Herbst (CPO777320). Si vous aimez Korngold, Schreker (le thème initial de la symphonie évoque d’ailleurs fortement le prélude des Stigmatisés), ou bien sûr, Mahler et Bruckner (dont l’influence est évidente dans le beau mouvement lent), cette symphonie colossale sera pour vous une découverte enivrante. Une révélation majeure et un disque à marquer d’une pierre blanche ! (Richard Wander) The magnificent Graz premiere of Joseph Marx’s Herbstsymphonie (Autumn Symphony) was held on 28 September 1922 under the expert conductor and sound specialist Clemens Krauss. It was a great triumph for Marx, and when Krauss selected this work for a concert program in Vienna in late May of the following year, the public went wild. The Herbstsymphonie is not so much a symphony in the traditional sense as a multimovement rhapsody of massive proportions, both in view of its huge orchestral dimensions and itsperformance length. For this reason this gigantic composition ranks as one of music history’s most lavishly instrumented works. Until now Joseph Marx has been known primarily as a composer of songs and chamber music. However, already in 1911 he had composed the sumptuously designed cantata Herbstchor an Pan (Autumn Chorus to Pan), a work that also in its choice of theme may be said to herald the coming of the Herbstsymphonie.
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