Emporté à vingt-quatre ans par la tuberculose, Julius Reubke, élève chéri de Liszt eut le temps de composer deux vastes sonates en miroir à la Sonate en si mineur de son mentor. Parmi elle un chef d’œuvre, celle écrite pour l’orgue d’après le Psaume 94 (psaume invitatoire « Venez, crions vers le seigneur ») dont August Stradal réalisa une magistrale adaptation pour le piano. Je confesse la préférer à l’original pour orgue et en quelque sorte, Julius Reubke donnait par anticipation raison à l’audace de Stradal puisqu’il en avait lui-même transcrit l’Adagio pour le piano. Il faut entendre l’album de Markus Becker en commençant par sa conclusion, cet Adagio qui résonne comme une prière, une lente incantation, puis la proposition de Stradal pour toute la Sonate. Quelle œuvre, sombre, intense, où le jeune homme a abandonné les séductions lisztiennes qui encombrent ça et là le discours de la Sonate pour piano. Sachant que l’opus décisif de cet album est la Sonate pour orgue, Markus Becker ne met pas dans la Sonate de piano l’accent sur les influences, mais en resserre plutôt le discours, cherchant une nudité de la ligne, une intensité expressive qu’aucun pianiste avant lui n’avait osé à ce degré de simplicité, d’évidence : sa technique transcendante mais jamais ostentatoire l’autorise. C’est probablement le plus bel hommage rendu à ce compositeur qui fut plus qu’un épigone, un maitre du piano romantique disparu au seuil de son oeuvre (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Recommandé par Hans von Bülow à Liszt dont il deviendra aussitôt l'élève favori à Weimar, Julius Reubke révèle très tôt des dons exceptionnels d'interprète et de compositeur. Fauché par la tuberculose à 24 ans, il reste justement célèbre grâce à ses deux Sonates (1857) pour piano et pour orgue, véritables coups de maître d'un génie précoce. Réunis dans un heureux couplage, ces chefs d'œuvre du romantisme allemand sont servis par une belle et solide interprétation du pianiste Markus Becker. Dédiée à Liszt, la Sonate pour piano s'inscrit dans la filiation directe et assumée de la Sonate en Si qu'elle cite par endroits et dont elle reprend la tonalité, la durée et le plan : un seul mouvement subdivisé en trois sections enchaînées et unifiées par des motifs récurrents brillamment transformés. En dépit de ces analogies il s'agit bien d'une œuvre personnelle, vaste fresque épique, exigeante et virtuose qui séduit par l'originalité de ses idées et la force de son expression. Conçue pour grand orgue la Sonate sur le 94ème Psaume, jouée ici au piano dans l'habile et respectueuse transcription d'August Stradal (1925), est une sorte de poème symphonique qui semble improvisé mais dont l'écriture reste en réalité étroitement liée au texte liturgique. Narrative et descriptive, cette pièce d'une étonnante maturité s'achève en apothéose dans une fugue urgente et magistrale figurant admirablement la violence et les foudres du Jugement Dernier. (Alexis Brodsky) Julius Reubke mourut jeune, tragiquement. Son unique Sonate pour piano est dédiée à son distingué professeur et ami, Franz Liszt, qui inclut l’œuvre dans son répertoire. Markus Becker s’attaque aussi à une transcription captivante de l’intense Sonate pour orgue sur le 94e Psaume. Il y associe une Sonate pour piano d'inspiration lisztienne qui trouve ici un interprète de choix. Julius Reubke died tragically young. His sole Piano Sonata is dedicated to his revered teacher and friend Liszt, who welcomed the work into his repertoire. Here Markus Becker also tackles a compelling transcription of the ferocious Organ Sonata on the 94th Psalm.
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