Ludwig Minkus Don Quichotte ballet Yakovleva Cherevychko Papava Hashimoto Rhodes Noureev

1966 : Rudolf Noureev dévoile sur la scène du Staatsoper de Vienne sa relecture de la brillantissime chorégraphie dont Marius Petipa avait habillé le ballet espagnol de Ludwig Minkus, « Don Quichotte », un travail à quatre mains entre le compositeur et son inspirateur. Triomphe pour Noureev qui marqua à jamais le rôle, alignant au long de l’ouvrage quinze études où toute la grammaire du ballet impérial est revisitée : il y opérait une révolution, pliant l’académisme de la danse des compagnies soviétiques qui avaient dévitalisé l’ouvrage en y réintroduisant le sens narratif, objet premier du projet de Minkus et de Petipa, mieux, en le modernisant. Le spectacle fit le tour du monde avant de s’ancrer à l’Opéra de Paris en 1981, rapidement Noureev y remarque Manuel Legris, passant d’une silhouette à une autre, la grâce, le sens de l’expression juste, la perfection de la technique. En 1985 il lui confie le rôle de Basile alors que le corps de ballet de l’Opéra se produit à la Scala, le jeune homme y gagnera sa nomination de « Premier danseur étoile ». C’est donc pure logique si Manuel Legris, présidant aux destinés du Wiener Statsballett, n’eut de cesse d’y reprendre ce « Don Quichotte » cinquante après sa création in loco. Décors et costumes renouvelés plongent l’action dans une Espagne très XVIIIe Siècle, où l’emprise de Goya est évidente, ce qui donne à bien des tableaux une profondeur psychologique inédite sans jamais leur ôter leur élan populaire. Dans la fosse Kevin Rhodes règle un orchestre fusant, qui allège et enlève le grand appareil voulu par Minkus, assortissant les notes à l’élégance qui se voit partout en scène. Le spectacle a été filmé lorsqu’était assemblée la meilleure distribution de la reprise de 2016, avec le Don Quichotte si percutant de Kamil Pavelka et la Kitri/Dulcinée de Maria Yakovleva, mais tous sont remarquables de pure virtuosité et de caractérisation, à commencer par le Basile de Denys Cherevychko qu’on sent guidé avec finesse par Manuel Legris. Si vous voulez découvrir « Don Quichotte », c’est ici (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)