A peine entamé l’Ave Maria de Gallus, c’est l’image des pierres dorées de l’intérieur du monastère portugais d’Alcobaça qui m’est revenue : le choix de mixité assumé par le Vienna Vocal Consort dans des œuvres qu’on entend souvent par des ensembles masculins aboutit à un mélange de hiératisme minéral, de dentelle aérienne et de contraste lumineux qui vaut à lui seul l’écoute de ce disque. Mais il y a plus, et on peut parcourir en tous sens ce programme qui enjambe 4 siècles de musiques mariales : s’émerveiller qu’il suffise d’enchaîner 6 compositeurs pour passer de l’ars nova à la fin du baroque ; se demander si leur service auprès de la famille d’Este a rapproché les inspirations de Dufay, Desprez et Palestrina par-delà le temps ; ou au contraire chercher les différences entre contemporains (Gallus, Palestrina et Victoria)... Une première partie plutôt austère culmine avec la messe qui donne son titre au disque : célébrissime et souvent entendue, elle trouve ici une traduction qui surexpose les dissonances (à juste titre, me semble-t-il) en lui donnant la « résonance plus particulièrement actuelle » que trouvait Pierre Boulez à Machaut. Une seconde partie plus variée, où brillent les 1’34 du Stabat Mater d’Iribarren et les 1’58 de l’Ave Maria slave de Michna, arrive à point pour empêcher que s’installe une légère monotonie. Une excellente prise de son couronne le tout : disque remarquable, mais qui demande une écoute attentive. (Olivier Eterradossi) Rarely heard, early settings of Marian texts: following their acclaimed discs ‘Byrd’ and ‘Passion’, the Vienna Vocal Consort now release their third production with klanglogo. The starting point and centre-piece in the ensemble’s journey through music history is Guillaume de Machaut’s epochal ‘Messe de Nostre Dame’ – the first complete polyphonic setting of a Mass ordinary, dating to 1360. This work is recorded alongside a grand Magnificat by the great Franco-Flemish composer Pierre de la Rue (c. 1470–1518), and other Marian settings by Dufay, Josquin des Prez, Palestrina, and Gesualdo. Recorded at the thirteenth-century Gothic church of Retz monastery (Austria), ‘Nostre Dame’ is infused with the musical hallmark of the Vienna Vocal Consort: the appealing, playful alternation between male and female voices, which allows the contrasts of early polyphony and Renaissance repertoire to shine in resplendent colours. The Vienna Vocal Consort is one of Austria’s leading Early Music ensembles. In addition to their busy concert schedule across Europe, the singers have established a growing group of loyal fans with their two other recordings with klanglogo: ‘Byrd’ (KL1401) features sacred works of the English Renaissance composer William Byrd, and ‘Passion’ puts centre stage the first St John Passion in the German language, written by Joachim von Burck.
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