Martin Tchiba Linkages Œuvres pour piano de Brahms Wagner Schoenberg - CC72562 - Contemporain

Voici un récital thématique de piano, qui nous présente le romantisme allemand tardif comme la matrice de la musique moderne. Avec l’opus 116 nous tenons le Brahms le plus abstrait, les Cygnes Noirs qui accueillent Wagner à Paris sont moins connus que celui qui accompagne Lohengrin, mais lui inspirent une pièce sobre et dépouillée. Dans les deux cas, le chromatisme envahit l’harmonie. Liszt dans ses Nuages gris la dissout pour nous livrer une étude de couleurs, à laquelle fait écho la berceuse de Lachenmann, qui va encore plus loin dans cette voie. Le chemin emprunté par Scriabine est différent : pointillisme à base de micro-motifs, multiplication des trilles, mais comme Wagner et Liszt, il nous conduit aux limites de la tonalité, franchies avec vigueur par Schönberg avec sa dodécaphonique suite opus 25. / Pas de romantisme pourtant dans l’interprétation de Martin Tchiba. Les transformations harmoniques étant au cœur du récital, le pianiste hongrois de formation allemande développe un jeu objectif, vertical, d’une grande transparence polyphonique. Ses talents de coloristes sont réels, et sa force n’exclut pas la beauté plastique. Petit conseil de mélomane : pour apprécier pleinement cette grande heure de musique, écoutez-là sans interruption. Le projet vous apparaître dans toute sa cohérence. Au premier sens du terme, l’intelligence est la capacité de créer des liens : « linkages », voilà un titre bien choisi. (Olivier Gutierrez)