Mettre en regard le Deuxième Concerto de Nikolaï Medtner et le Troisième Concerto de Sergei Rachmaninov, quel défi ! Pour la mémoire d’abord, car l’un comme l’autre noient le pianiste sous une grêle de notes, noircissant les portées tout du long des deux opus. C’est cette profusion qui passionne Marc-André Hamelin. Sa virtuosité impeccable ne fait qu’une bouchée des chausse-trapes, mais son intellect domine ici, ordonnant tout pour mettre en lumière la syntaxe du discours et les audaces du langage. Personne n’aura rendu aussi finement l’esprit complexe du finale du Concerto en ut mineur de Medtner, ce divertissement qui caracole sur quelques formules baroques stylisées et dont l’humeur n’est pas si loin que cela de celle de la Burleske de Richard Strauss. Et avec quelle précision millimétrée l’accompagnent Vladimir Jurowski et ses londoniens, d’un son un rien sec mais si exact pour les dialogues, les accents, les relances. Pourtant, la vraie réussite de l’album parait chez Rachmaninov. L’écriture plus généreuse, le geste plus lyrique ouvrent la sonorité du Steinway, font chanter le medium, briller les aigus ludiques ; comme si soudain Hamelin jouait « a piacere », délivré du discours plus serré, plus allusif, plus étrange harmoniquement distillé par Medtner. Le final peut fuser, solaire et alerte, un piano y danse, fabuleux d’enthousiasme. Ah oui, au moins à Rachmaninov, j’espère une suite. Quel Quatrième Concerto ils nous feraient ensemble ! (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) A typical release—in so far as there can ever be such a thing—from Marc-André Hamelin, combining a stimulating, unexpected coupling; brilliant new light shed on the familiar; and pianism of the very highest calibre. Not to be missed.
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