15 mai 2016, Menahem Pressler revient à Magdeburg, qu’il avait du fuir adolescent chassé par lez nazis, pour y fêter ses 93 ans. Soirée Mozart, pour pacifier les souvenirs, retrouver une vie perdue, deux Concertos en tempos sereins, joués dans un clavier lumineux, effusif, où chaque phrase parle d’évidence. Comment ne pas percevoir l’émotion qui affleure derrière ce toucher élégant, qui refuse le chic du perlé pour mieux faire entendre le chant profond de Mozart, sa nostalgie qui poudre la richesse harmonique de son discours d’un bleu nuit si tendre et si profond. Admirable, que ce soit pour le discours tout en demi-teintes du K 488, où pour le geste plus théâtralisé du K. 595 que justement Pressler allège, le jouant tout entier au jardin, et quel jardin ! Celui des Nozze, un concerto de comédie, délicieusement piquant et qui s’ombre soudain d’une mélancolie dont ce toucher sait tous les variables. L’orchestre modestement s’accorde avec beaucoup de musicalité aux subtilités du pianiste, qui joue comme pour lui des partitions aimées depuis l’adolescence, fait corps avec ses apartés, ses silences, entend à quel point ce monde fragile n’est plus tenu que par l’émotion dissimulée au cœur d’un art où tout est suggéré. Soirée magique jusque dans ses trois bis hors du temps : écoutez le Nocturne en ut dièse mineur, si il ne vous emporte pas très loin, je ne peux rien pour vous (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Deux concertos de Mozart, les 23 et 27 plus quelques bis, reflets de concerts donné par le fondateur du Beaux Arts Trio Menahem Pressler en 2016 (92 ans !) au Magdeburg Theater, accompagné par l'orchestre philarmonique local dirigé par un chef japonais, Kimbo Ishii. Dans les deux concertos, ce dernier adopte d'ailleurs des tempos prudents car la vélocité et la tenue rythmique du vénérable pianiste font souvent défaut (flagrants dans l'Allegro et le final du K488). Accompagné par un orchestre peu performant (déséquilibre des pupitres), Menahem Pressler donne autant l'impression de jouer pour lui que de partager avec le public son expérience unique de musicien. D'où un hiatus, un manque de cohérence entre les partitions de Mozart, l'orchestre, le soliste et l'auditeur. Même le si prenant Adagio du même est en quelque sorte desséché et ne diffuse plus aucune mélancolie. Même constat dans le K595, l'Allegro se déroule laborieusement, ralenti par les doigts fatigués du pianiste et un orchestre qui tente de se maintenir à flots. Le Larghetto est distendu, invertébré. Quant au Rondo, Pressler retrouvant un brin de vigueur dans les articulations, l'orchestre tout entier se réveille comme après un sommeil comateux. Il en est tout autrement dans les bis, où là, le public est littéralement ensorcelé (quel silence d'écoute!). Le pianiste, enfin seul, comme s'il avait été muselé par un orchestre invasif, se livre alors, à travers deux pièces (un nocturne, une mazurka) de Chopin et un prélude (la cathédrale engloutie) de Debussy à une méditation philosophique et musicale absolument cathartique et inoubliable. A pleurer ! (Jérôme Angouillant) Pressler has played Mozart’s piano concertos wi th such frequency that they can be reckoned among t he works that have occupied him the most in his life. Fortunately, a wish that Pressler and the musicians of the Magdeburg Philharmonic Orchestra had been having fo r many years finally came true: in May and December 2016, Pressler performed as a soloist in his home t own. In May he performed Mozart’s Piano Concerto in B Flat Major K595, and in December he played the Piano Con certo in A Major K488. On the subject of Mozart, he remarks: “In Mozart there are no ‘empty’ passages. Musicians often just ‘play through’ a passage becau se they can play it well, and they are satisfied with that. However, if the interpretation of a passage has no content, I become adamant. I know it’s hard to phrase everythi ng correctly. But I am still as critical as I ever was. First of all toward myself, then toward my co-performers.” Fortu nately these concert performances in May and Decemb er 2016 were recorded. For a performer who had then re ached the age of 92 (and who celebrated his 93rd bi rthday on the occasion of the second Magdeburg concert on 16 December 2016), one can hear that those aforementioned daily hours of practice have truly b een worth the effort. Pressler, the experienced mus ician, phrases the piano part with unmatched nuance. In th e framework of moderately chosen tempi he masters e very technical hurdle in each of these two masterpieces. Most of all, one can immediately tell that we are dealing with a pianist who not only knows very note of these con certos, but who has made each of them his own. Alth ough Pressler has recently made several recordings on CD , these Mozart concerto recordings might be the las t recorded testimony of one of the great performers o f our time
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