Quelle merveilleuse rencontre ! Revenu à Vienne, Jörg Demus se prit d’amitié pour Thomas Albertus Irnberger. Son violon naturellement chanté, si équilibré, aux sonorités savoureuses lui évoquait-il immédiatement tout une certaine tradition viennoise, celle des frères Boskovsky, de Walter Barylli ? L’album Mozart si allègre qu’ils enregistrèrent au Museo Cristofori de Weyegg en avril 2005 les montre si intimement liés, de sonorité, d’intelligence et fait regretter que le violoniste ait poursuivi chez Mozart avec Paul Badura-Skoda, atteignant une autre forme d’excellence. Mais ici c’est le plaisir seul qui domine, Jörg Demus choisissant de jouer deux pianofortes différents, un Anton Walter très « vocal » pour les Sonates KV 301 et 304, un Louis Dulcken d’une folle douceur, aux sonorités magiques de harpe pour les Variations KV 360, la Fantaisie en ut mineur et la Sonate KV 376. Comme ils jouent cette dernière très Sturm und Drang, capricieuse, pleine d’élans héroïques, avec des phrasés chevaleresques : on est loin du salon, on caracole en plein air. Disque magnifique, solaire où ne vient qu’un assombrissement : dans les couleurs moirées du Walter, seul à son clavier, Jörg Demus chante avec une désarmante poésie la si schubertienne Fantaisie en ré mineur, et nous fait pleurer qu’on ait si peu du piano de Mozart par lui ! (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)
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