Our Town, pièce de Thorton Wilder dépeignant la vie d’un village du New Hampshire doublé d’une histoire d’amour tristement banale mais surtout amère- au troisième acte l’épousée, morte en couche, revient pour une journée chez les vivants mais préfère s’en retourner dans sa tombe - valut à son auteur le Prix Pulitzer en 1938. Lorsqu ‘en 2005 Ned Rorem décida d’en tirer son huitième opéra, il relevait un véritable défi : Aaronn Copland, qui avait composé la musique de l’adaptation cinématographique, finit par renoncer à un projet aussi ambitieux. Finement, Ned Rorem lui rend un hommage à peine déguisé tout au long de l’opéra : la pastoralisme des atmosphères est d’un décalque de celui de The Tender Land, alors que la vocalité très simple se souvient évidemment du Socrate de Satie, que l’américain révère. L’ouvrage est si habilement composé qu’on suit aussi bien la vie de la communauté, décrite par le Régisseur, que l’évolution tragique des amours de George et Emily, mais aussi formidable que soit la troupe de chanteurs assemblée et la direction si sensible de Gil Rose en Aout 2013 au Merrimack College c’est l’image qui manque, la scène, incontestablement élégante et suggestive que soit la musique de Ned Rorem on a envie de voir l’opéra autant sinon plus que de l’entendre. Mais même sans la scène, le Troisième acte est plus d’une fois bouleversant grâce à l’incarnation de Margot Rood, Emily inquiétante à force de tendresse déçue. A découvrir (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) This is the world-premiere recording of Ned Rorem’s (b. 1923) acclaimed setting of Thornton Wilder’s Our Town, one of the best-known plays of the 20th century. Intended from the start to be a chamber opera, the orchestration is small, and the scoring is light and transparent throughout—consistent with a work best suited to young voices. Rorem moves in and out of speech and utilizes more elevated recitative (parlando) than in his previous theatrical works. He manifests Wilder’s “emotional shyness” with abrupt stylistic cross-cutting between Americana (Thomsonian faux-Protestant hymns, plush sustained cinematic strings, Copland-esque woodwind solos, Ivesian collages), transatlantic modernism (the tartly-scored “sting” chords, jagged, off-kilter ostinatos in close-canon, denatured melodic fragments in place of memorable tunes), and Gallic lyricism (rapturous string obbligatos, sudden snatches of emotionally-vibrant melody, Debussy-esque orchestration). Everywhere in the music there is a sort of cool, self-contained regretfulness—the regret so central to the play’s initial impetus, a regret so intense as to border on dread—that perfectly underpins and undercuts the sentimentality of the portraits. Rorem believes that Satie’s Socrate may be “the greatest of all operas.” Certainly, he exploits in his score for Our Town the same kind of baroque cantata textures and affects as Satie did in his 1920 masterpiece. But the Rorem and McClatchy Our Town also contains—in the propulsive, off-kilter ostinati percolating uneasily beneath the Nantucket matter-of-factness of its musical surfaces and its stubborn unwillingness to wear its heart on its sleeve—an astonishing undercurrent of unanticipated, and highly effective dramaturgical fury.
|