Zygmunt Noskovski espéra longtemps le renouveau de la musique polonais, et il y travailla : Rozycki, Szymanowski et Fitelberg furent ses élèves, il put les voir inventer non pas la nouvelle école nationale qu’il appelait de ses vœux, mais faire entrer la Pologne dans le concert contemporain. C était probablement un rien trop d’audace pour ce musicien formé par Friedrich Kiel à Berlin dans une certaine orthodoxie, quoi que… La Troisième Symphonie (1903), avec son orchestre incroyablement coloré et son discours complexe, montre à l’œuvre une pensée musicale aventureuse qui dissimule ses climats contrastés et les attribuant au cycle des saisons. Noskowski voudrait nous faire croire à de la musique illustrative, mais la cohérence de la forme et le langage si inventif disent beaucoup plus. Comme l’étrange intitulé de l’autre grande œuvre de ce disque : « De la Vie de la Nation » (1901) qui effraya la censure tsariste. En fait un cahier de variations sur le Septième Prélude op. 28 de Chopin… Tous les prétextes sont bons pour faire de l’excellente musique, et même sans génie, l’univers de Noskowski s’écoute, maillon essentiel de la renaissance musicale polonaise. Toutes les œuvres de ce disque sont enregistrées en premières mondiales (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Zygmunt Noskowski (1846-1909) est un compositeur, pédagogue, chef d’orchestre et journaliste de la Pologne martyre supprimée de la carte en 1815 (Congrès de Vienne) et ressuscitée seulement à la veille de la Première Guerre Mondiale. Il témoigne par sa vie et son œuvre de l’indomptable liberté de l’artiste, consacrant temps, argent et énergie à la Société de Musique de Varsovie, honorant dans sa musique les chants et danses de son pays. Il compose « De la vie des nations », étonnante série de variations orchestrales sur le prélude en la mineur op 28 n° 7 de Chopin ou encore la Symphonie n °3 « Du Printemps au Printemps », allégorie de la lutte pour la renaissance de la Pologne. Noskowski s’étant tenu à l’écart des influences artistiques prévalentes de son temps (Liszt, Brahms, Wagner), sa musique en est d’autant plus forte et originale. Maître de l’orchestration claire, son œuvre symphonique est d’une grande puissance et intelligence, lyrique-héroïque, élégiaque, romantique, avec une palette sonore somptueuse évoquant parfois celle de l’anglais Elgar. Splendide interprétation et réalisation entièrement polonaises à la hauteur du projet éditorial. (Benoît Desouches)
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