L’ensemble La Française a souhaité rendre hommage à Louise-Bénédicte de Bourbon, duchesse du Maine, par un spectacle que prolonge opportunément cet enregistrement. Le CD propose deux intéressantes cantates mettant en scène des femmes abandonnées, la première, Médée, avide de vengeance, la seconde, Ariane, qui, dans son désespoir, « peut d’un Dieu mériter le secours ». Ces pièces permettent toute une palette de nuances psychologiques et musicales, adroitement servies ici tant par la voix que par les instruments. Les deux pièces vocales, l’une de Bernier, l’autre de Bourgeois, encadrent un concert de chambre de Mouret, suite d’airs aux rythmes variés. Si ces œuvres n’ont pas été précisément commandées par l’ordonnatrice des célèbres Nuits de Sceaux, leurs compositeurs font bien partie des familiers de cette aristocrate au fort caractère et protectrice des arts. Ce qui donne l’opportunité d’une redécouverte, en attendant peut-être que celle-ci soit complétée par des compositions signées Colin de Blamont, Matho ou Marchand. Une bonne prise de son et un livret bien composé complètent l’ensemble ; un hommage vivant et soigné à la « dictatrice perpétuelle » d’une académie placée sous le patronage de l’abeille et dont les mélomanes feront aisément leur miel. (Alain Monnier) Pittoresque jeune femme, cette princesse, belle-fille de Louis XIV et de la Montespan. De toute petite taille, elle brava les sourires en se surnommant elle-même « la Mouche à miel », avec pour devise : « Elle est petite mais elle pique ! » et créa un ordre du même nom réservé à ses amis les plus fidèles, aussi prisé que les décorations officielles. La Cour de Versailles l’ennuyant fort, elle s’installa à Sceaux, en 1700, pour y donner de grands Soirs qui contentaient son goût pour les représentations théâtrales. Après Jean-Joseph Mouret, son professeur de musique, vinrent l’illustrer Nicolas Bernier et Thomas-Louis Bourgeois dont figurent sur ce disque, accompagnées par le quatuor « la Française », les deux cantates « Médée » et « Ariane », l’une et l’autre en parfait accord avec cette princesse vif-argent et romantique selon les moments. Marie Remandet en interprète les textes avec la technique qui convient aux acrobaties et diverses vocalises, toutefois son timbre « vert » amoindrit-il le plaisir d’oreille dans les longues tenues. Cette raideur était peut-être exigée par le style, elle froisse quelque peu, si on l’exagère, aujourd’hui. (Danielle Porte)
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