Gil Shaham tente une aventure un rien périlleuse : revenir, en l’élargissant parfois, à ce répertoire d’élection où il triompha d’abord sous étiquette Deutsche Grammophon : l’abondante littérature que le violon inspira aux compositeurs durant l’entre deux-guerres. Mettre en miroir le faux académisme du Second Concerto de Prokofiev et la partition radicale qu’est le Second de Bartok, quel sens du risque ! Chez Prokofiev l’archet est souverain, léger, brillant, ductile et entouré avec art par les Knights d’Eric Jacobsen. Par la mobilité, par l’intelligence du jeu collectif Shaham et ses comparses mettent une sérieuse volée à l’ancienne mouture DG où Prévin dressait un décor. Bravo. Mais hélas dans le Bartok notre violoniste chéri est bien seul : on n’entre pas ici dans la même rapsodie nocturne guidé par la battue amorphe de Stéphane Denève que sous la respiration inquiète et inexorable du Chicago Symphony Orchestra réglé par Pierre Boulez….Demi disque donc, qui laisse espérer que pour le Premier de Prokofiev Shaham retrouve ses « Chevaliers », et qu’il ne tarde pas trop à nous offrir les deux Szymanowski, années trente – seul le Deuxième est dans la « liste » - ou pas…. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Après un premier album consacré à Barber, Berg, Britten, Hartmann et Stravinsky, Gil Shaham poursuit l’exploration du répertoire concertant pour violon des années 1930 avec ce deuxième volume qui propose cette fois les seconds Concertos de Prokofiev (1935) et Bartók (1938), partitions lyriques, lumineuses, et sommets du genre au XXème siècle. Composé alors que Prokofiev s’apprête à rentrer en Russie, le Concerto en sol mineur est essentiellement mélodique (avec notamment son bel andante chantant) et amorce le retour vers la tonalité, l'emploi du folklore et la mise en application de cette "nouvelle simplicité" qui marqueront la période soviétique du musicien. Parfois comparé à une symphonie avec violon principal, constitué de plusieurs thèmes soumis à variations et caractérisé à la fois par une extrême virtuosité et des moments de forte tension, le concerto de Bartók reste néanmoins une œuvre profondément radieuse et sensuelle. Accompagné par le jeune ensemble new-yorkais The Knights (Prokofiev) et par l'Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart admirablement dirigé par Stéphane Denève (Bartók), Gil Shaham se distingue comme toujours par un jeu souple et d'une grande densité, un son plein et généreux et un sens inné de la mélodie, confirmant ainsi qu'il est bien l'un des violonistes les plus intéressants et talentueux de sa génération. (Alexis Brodsky)
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