Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 1 en fa majeur, K 37
Concerto pour piano n° 5 en ré majeur, K 175
Concerto pour piano n° 9 en mi bémol majeur, K 271
Concerto pour piano n° 18 en mi bémol majeur, K 456 (2 versions 1994-1977)

Sviatoslav Richter, piano
Orchestre National de Radio France
Lorin Maazel, direction
Shinsei Nihon Symphony Orchestra
Rudolf Barshai, direction
Moscow State Symphony Orchestra
Kyril Kondrashin, direction

Sviatoslav Richter avouait les difficultés qu’il rencontrait face aux partitions de Mozart. Pas son univers, et même un autre monde où il ne respirait guère à son aise. Mais du moins y revint-il régulièrement pour quelques Sonates – pour le seul piano où avec le violon de l’ami Oleg Kagan y faisant des merveilles presque malgré lui – et une poignée de Concertos. Son grand favori, le 18e, avec le petit théâtre entre murmure et drame de l’andante qu’on verra ici deux fois : le 9 janvier 1977, à la Salle du Conservatoire de Moscou, la direction très cernée de Kirill Kondrachine ne l’aide guère, il joue droit, sec, clair, univoque, beau piano sans Mozart, comme égaré de style, privé d’émotion. Quel contraste avec la captation tokyoïte de ce qui sera son dernier concert filmé le 3 mars 1994, où règnent soudain l’allant, la grâce, les subtilités sans maniérisme, une imagination délicieuse et derrière le masque du grand âge le sourire un peu triste qui est ici la signature de Mozart. Il faut dire que la fluidité de la direction de Rudolf Barshaï aide infiniment comme pour les deux petits Concertos (1 et 5, prétexte à faire entendre respectivement les cadences d’Artur Balsam et de Soulima Stravinski) que Richter joue en grand piano, comme on ne les entend quasiment jamais. La première archive remonte au 3 juillet 1966, dans le cadre chéri et sous les poutraisons de la Grange de Meslay : le 9e Concerto. Direction sans air de Maazel, orchestre rêche, Richter est un peu seul à force d’être mal accompagné, il essaye quelques échappées belles, mais non, on regarde étonné, on oublie et l’on retourne à la soirée japonaise (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)