Ne fuyez pas ! Dans un premier temps ce que fait le soprano singulier de Barbara Hannigan dans les Trois Mélodies "nues" de 1886 pourra vous effrayer. Avec raison, et vous agacer également le ton volontairement niais qu’elle met à celles des "Trois Autres Mélodies". Une fois passé "l’Hymne pour le Sar Peladan", et si vous avez survécu, oserez-vous entrer dans ce pourquoi existe ce disque : Socrate. Les voix féminines y sont rares, jadis Suzanne Danco l’avait tenté dans la version orchestre, à la demande de Darius Milhaud, puis revenant à la version avec piano, Hugues Cuénod avait littéralement confisqué l’œuvre. Eh bien, dans la récitation modale de Socrate, Hannigan est magnifique d’attention, de poésie, d’allusion, et soudain le piano de Reinbeert de Leuw, si rompu à la langue de Satie, ne l’accompagne plus, mais ce marie à ce timbre si clair. Tout l’album dégage un parfum d’étrange, quelque chose de déconcertant qui assez dans "l’esprit Satie" pour qu’en accepte le propos radical (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Ce Socrate fut commandé à Erik Satie par la princesse de Polignac en 1916. Satie achève sa composition en 1918, année de sa création. Composition pour orchestre de chambre et quatre voix solistes, l’œuvre est ici réduite à sa version voix- piano. Satie délaisse son langage habituel : subversion implicite, vernis mondain, inspiration fantasque, pour une écriture, aporique, dépouillée à l’extrême, réduite à un récitatif linéaire soutenu par les ponctuations harmoniques du piano. Le livret en trois séquences est constitué de fragments de dialogues platoniciens (dans la traduction de Victor Cousin). L’œuvre réclame une « impeccable incarnation vocale » (Antoine Goléa) de la part de la chanteuse. Elle ne doit ni « dire » ni susurrer mais son incarnation (qui remplace les quatre voix dévolues à l’origine) doit restituer l’évolution dramatique de la partition. Sur la pochette, les photos noir et blanc des deux interprètes plongés dans un rêverie mélancolique sont symptomatiques de leur intime complicité. Reinbert de Leeuw (grand connaisseur du « Maître d’Arcueil ») s’est mis dans la peau de Satie et Barbara Hannigan (dont on connaît la polyvalence) dans celle de Suzanne Valadon, sa maitresse. Leur duo fonctionne si bien qu’ils interprètent ce Socrate en transformant le récit platonicien en jouxte amoureuse. Quoiqu’elle chante, la voix d’Hannigan possède une charge narrative (chaleur, projection) exceptionnelle doublée ici d’une articulation du français soignée. Son timbre lumineux égaie les quelques brèves mélodies qui complètent le programme. A contrario, le piano de Reinbert de Leeuw respecte l’accompagnement minimal qu’imposent les partitions, tenu rythmiquement, tour à tour atone et coloré. Présentation raffinée du label Winter & Winter, mais on déplore l’absence des textes. (Jérôme Angouillant) Satie does not need an introduction, too well known is the compositional loner, whose short compositions characterized by simplicity and structural clarity seem to have fallen out of time. In 2016 we celebrate Erik Satie’s 150th birthday, he was born in May 1866 in Honfleur. Counting among his few elaborate and more extensive master pieces is besides his ballet "Parade" the almost forgotten vocal piece "Socrate" on three Plato dialogues in French translation. Satie himself commented on the purpose of the composition that it was not meant but to highlight the beauty of the texts, a 'gesture of piety'. Reinbert de Leeuw is know as one of the most fascinating pianists of Erik Satie's compositions, his interpretations remain without a doubt among the most exceptional. Barbara Hannigan is one of the world's leading performers of contemporary music. Barbara Hannigan and Reinbert de Leeuw know each other and perform together for many years. This album presents the meeting of these two exceptional artists: Hannigan and de Leeuw perform Satie. Besides "Socrate" as the main piece they present a selection of songs from "Trois mélodies" and "Trois autres mélodies". Hannigan and de Leeuw are giving us the great opportunity of a rediscovery of Satie's songs.
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