Schubert Quintette La Truite Demus Irnberger Ortner Litschauer Burgschwendtner - GRAM98919

Jadis Jörg Demus avait signé avec le bien nommé Schubert Quartet pour Deutsche Grammophon une Truite indémodable (mais à ma connaissance jamais reparue en CD) à laquelle ne manquait que les saveurs des timbres de ses chers Hammerflügel. Une seconde tentative le montrait jouant un pianoforte dur encore asséché par les timbres des solistes du Collegium Aureum, pièce maitresse d’un coffret de trois microsillons consacrés à la musique de chambre de Schubert interprétée sur les instruments de son temps. Finalement, les 20 et 21 décembre 2010, dans la belle acoustique naturelle de la Schweighofer Saal de Salzbourg, Demus retrouvait l’élan, la flamme élégante, le giocoso piaffant de sa version princeps mais avec cette fois sous ses doigts une merveille qu’il chérissait particulièrement, un somptueux Hammeflügel sorti en 1835 de l’atelier de Johann Michael Schweighofer, celui-là même qui donna son nom à la salle où eu lieux l’enregistrement. Demus aimait tant cet instrument qu’on raconte qu’il s’enfermait des après-midis durant pour les simples plaisirs de la jouer dans la plus stricte intimité. De son clavier vif, de ses timbres pleins, il lui rend bien cette affection dont les sourires, les élans dansés vont comme un gant à cette Truite magique à force d’élégance et d’entrain, Demus se faisant littéralement porté par le violon enchanté de Thomas Albertus Irnberger qui cambre le jeu de ses amis. La même joie très simple, évidente, embaume le bien plus rare « Adagio und Rondo en fa majeur » avant que, en coda, resté seul, Jörg Demus ajoute la Seconde des « Drei Klavierstücke » D 946, révélant l’une des qualités les plus singulières de son art : la tendresse de son cantabile. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)