Un cycle ? Oui, mais surtout un cahier empli du souvenir de Clara, recueil absolument secret et à sa façon d’une tendre éloquence qui aura laissé nombre de pianistes au bord du chemin. Pourtant Karl Engel, Claudio Arrau, Dino Ciani dans ce qui reste un de ses plus admirable album, auront chacun débusqué et la haute fantaisie et la mélancolie discrète qui animent ces bijoux. Martin Ivanov les rejoint quasi sur le très beau Steinway boisé qu’il joue ici, effeuillant cette suite avec une sorte de désinvolture, espérant faire oublier les moyens considérables d’un pianiste qui avait commencé au disque avec les Valses de Chopin. Virtuose il l’est, de doigts, d’esprit, et il sait alléger ce clavier que tant auront alourdis, emporter le « Ausserst rasch », chanter le « Sehr lebhaft » final sans rien asséner dans son piano si bien éduqué. Pour les "Novelettes" la partie est gagnée d’autant que l’ensemble possède enfin une cohérence comme chez Arrau, se grisant d’un ton de "Carnaval", et les couleurs de ce piano ! Pour les "Fantasiestücke", op. 12 il manque encore un peu de cette folie qui ne vient qu’aux vieillards, Martin Ivanov s’y surveille même lorsque ses doigts veulent déboutonner le clavier : écoutez le dilemme qui se fait jour dans "Traumes Wirren". Broutille, ce jeune-homme joue tout avec poésie et simplicité, réduisant les carrures des "Novelettes" à des chants ailés, et faisant voir l’envers tendre de l’opus 12 par son toucher sans marteau qui irait comme un gant à Debussy. Qu’un grain de fantaisie lui vienne seulement (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Bulgarian pianist Martin Ivanov, ?ho attained great international reputation for his debut album with the waltzes by Frederic Chopin, dedicates his second CD to the music of Robert Schumann. The Fantasy Pieces Op. 12 as well as the Novelletes Op. 21 were composed during a period in Schumanns life which was affected by the death of his mother, the forced separation from Clara, and the estrangement from his father. Much of the cheerfulness and much of the deadly seriousness in this music has this biographical background; also, Schumann probably always thought of his beloved Clara as a possible interpreter of these works. Martin Ivanov accomplishes once again to boast with supreme technical accuracy and deep emotional intuition.
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