Florian Uhlig conduit son intégrale Schumann comme personne avant lui. Chaque disque a son thème, ou du moins son angle de vue : cette fois il rapproche le Carnaval et les Davidsbundlertänze en les regroupant sous le militantisme artistique des compagnons de David : il aurait pu intituler son nouveau disque « Haro sur les Philistins ». Entre les deux opus, joués franc et net – je ne reprocherais pas à Florian Uhlig de n’être ni Kempff ni Arrau - huit pièces, dont trois inédits, font office de passerelle. Enfin plutôt huit fragments où des bribes d’idées musicales carnavalesques s’esquissent. Tout cela – fragments et cahiers complets- est joué avec une simplicité, une absence de surlignage, qui m’a donné envie de rouvrir les partitions. Car ce que fait entendre Florian Uhlig s’abreuve aux éditions originales, voire aux manuscrits, et débrouille les textes de quantité de scories que les interprètes y ont accumulées. Le premier à avoir vraiment relu son Schumann fut Karl Engel, dans une intégrale admirable aujourd’hui bien oubliée, j’ose écrire que Florian Uhlig possède la même compréhension innée de cet univers. Toujours musicien, suffisamment virtuose, jamais en masque devant les œuvres, trois raisons pour entendre ici d’abord Schumann (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Le huitième volume de l'Intégrale de l'œuvre pour piano seul de Robert Schumann par l'interprète allemand Florian Uhlig est un enchantement. Son libellé en dit déjà beaucoup qui mérite une petite explication : Davidsbündler gegen Philister (comprenez La confrérie de David contre les Philistins). Avec cette « confrérie », sortie tout droit de son imagination, Schumann-David entendait s'en prendre aux Philistins de la musique de son temps, conservateurs quand ce n'était pas rétrogrades ou arriérés. Du coup, l'idée de Florian Uhlig de regrouper les œuvres de jeunesse - le compositeur avait entre 23 et 28 ans - que sont le Carnaval op. 9 et les Davidsbündlertänze op. 6 sur le même CD est à la fois musicalement pertinente et, somme toute, pédagogique. Restait à se mettre au travail ! Eh bien le résultat est à la hauteur de ce qu'on peut attendre de cet interprète sérieux et inspiré. Servi par un Steinway admirablement réglé qui « sonne » de belle manière (de nos jours, cela mérite d'être souligné...), Uhlig, 40 ans, livre un grand Schumann, dans la lignée des sept précédents opus. Rappelons que tout jeune apprenti pianiste se devrait de posséder et de se nourrir du n° 6 qui regroupait dans la même collection l'Album pour la jeunesse toujours d'actualité et si peu enregistré, surtout de cette façon. (Frédéric Menu) With the 8th installment of the first true integral recording of Schumann's works for solo piano, Florian Uhlig reaches the midway point of his widely acclaimed and much admired project. That Schumann deserve such a presentation, is undisputed, and by organizing each installment by musical themes, allows for both a more accessible and representative immersion into the world of the composer’s thoughts and feelings. This new CD deals with the dual nature of the composer and writer: It finds its finest expression in the "Davidsbündlertänze" (1st version, Op. 6), in the idea of Davidsbündler in which different views on art mint in the figures Florestan and Eusebius which are also liable for the individual pieces of this cycle. The typical romantic play of rubrics, musical ciphers and pseudonyms can also be found in the "Carnaval" Op. 9 – a work which Schumann himself felt was too difficult to be performed and understood. Together with these two great piano cycles, Florian Uhlig has collected some related miniatures that either Schumann composed and later rejected, or for one reason or another was never included in subsequent printed editions. Among these are at least three premiere recordings. That Florian Uhlig convincingly masters these emotionally complex works in both technical and expressive terms requires no further mention. Once again, he has assembled a CD program that clearly sets itself apart from other typical recitals.
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