Stephen Hough aime les propositions aventureuses comme il l’a si souvent illustré avec ses "Pianos Albums". Des récitals ? Non, des voyages. Cette fois il établit une correspondance imaginaire entre Alexandre Scriabine et Leos Janacek dont les lettres sont des partitions. Et l’entretien fictif des deux compositeurs se situe sur le terrain des rêves. Même la 5e Sonate de Scriabine qui ouvre le disque se nimbe d’un mystère ensommeillé, et l’ascension finale que Richter faisait imploser est ici un arc en ciel, une ascension rayonnante. Stephen Hough referme son disque également avec Scriabine et la bien plus complexe 4e Sonate qui passe de l’extase à une danse ivre où j’entends toujours ce que Medtner fera de cette musique : une propension au conte, à l’imaginaire, une pointe de fantastique dans le dionysiaque que le pianiste britannique anime tout au long de l’album sans jamais violenter le son des deux très beau piano qui se partagent le disque, un Steinway boisé si chaleureux pour la 4e Sonate, et un Yamaha miroitant, au médium si subtil qui dévoile ses couleurs tendres et profondes dans le Premier Livre du Sentier effacé. La voilà l’étoffe des songes ! Immatérielle, un clavier d’ondes dont Hough modèle les sonorités, créant des arrières plans à foison. Son récit contenu est plus proche de celui de Rudolf Firkusny que de celui si dramatique de Josef Palenicek, il est également tout aussi émouvant, et la Sonate s’inscrit dans ce même univers intérieur, Pressentiment frémissant, Mort dites comme un sonnet dramatique, où le crescendo est enserré par la perfection d’un jeu qui ne se laisse jamais déborder. Grand disque, enregistré en deux sessions distinctes et à trois ans d’écart, le temps d’obtenir toutes les correspondances de ce singulier rapprochement (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Deux slaves excentriques sont réunis sous les doigts d’un gentleman anglais, débordant de génie. La musique de Scriabine et celle de Janácek—deux compositeurs différents et hautement excentriques, chers à Stephen Hough—constituent un parfait récital. Les parfums sensuels de l’une alternent avec les perturbantes obsessions de l’autre, et Hough le magicien nous ensorcelle de plus belle. The musics of Scriabin and Janácek—contrasting, and highly eccentric composers dear to Stephen Hough’s heart—make for a perfect recital. The sensual perfumes of the one intertwangle with the disruptive obsessions of the other, and Hough the magician tightens his spell.
|