Après le CHOC de l’année 2006 pour son CD Scarlatti, Nicolau de Figueiredo nous entraîne à la découverte du rythme hypnotique et endiablé du Fandango, et l’élégance rigoureuse des Sonates du Padre Soler. La fraîcheur d’écriture et l’originalité de ces œuvres se marient naturellement au talent et au tempérament de ce musicien brésilien qui ne cesse de nous étonner. Attention, disque superbe ! Pour moi, une redécouverte saisissante : la musique de Padre Antonio Soler. Epigone de Domenico Scarlatti peut-être, mais les épigones n’ont pas tous autant de génie. La Sonate en ré bémol majeur, en ouverture de ce disque, reste sans doute l’une des pages pour clavier les plus bouleversantes du XVIIIème siècle : construction architecturale à la Scarlatti parfaite, un cheminement harmonique éblouissant, et enfin un lyrisme éperdu irrésistible. La plus belle œuvre d’un album à la prise de son exceptionnelle, qui sert constamment le jeu intense, rayonnant et parfaitement souple du claveciniste Nicolau de Figueiredo, empreint par ailleurs d’une ardeur « pré-romantique » idéale dans cette musique. La Sonate R 84 en ré majeur était autrefois l’une des préférées de Felicja Blumental (souveraine) comme d’Alica de Larrocha, qui en exploitait tout le côté épicé. Le clavecin d’Emile Jobin d’après Cresci est évidemment une splendeur, dont De Figueiredo exploite toutes les registres de basses avec gourmandise. Un disque inattendu, à découvrir. (Pierre-Yves Lascar) Salué unanimement comme un des continuistes les plus imaginatifs de sa génération, Nicolau de Figueiredo a fait ses armes auprès de René Jacobs. Maître du récitatif et du répertoire vocal baroque, il a enseigné à la Schola Cantorum Basiliensis et au CNSM de Paris. Invité par les plus prestigieux festivals, il se consacre depuis quelques années à explorer le répertoire solo du clavecin. Les expériences du théâtre lyrique et de la musique de chambre ont apporté à ce virtuose une palette très riche en couleurs et en expression. Un fin mélange de science et d’imagination : le clavecin sonne sans réserve, les phrases musicales sont libres et ses interprétations pleines de vie et de séduction.
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