Le couplage est devenu célèbre depuis un fameux album où Kaja Danczowska faisait voisiner la Sonate de Franck avec les Mythes de Szymanowski. Krystian Zimmerman était au piano. Même si elle préfère pour la pièce de complément la Romance de Szymanowski à son Chant de Roxanne choisi par la violoniste polonaise, Franziska Pietsch n’a pas froid aux yeux en osant presque trente ans plus tard le quasi même programme. Pour les Mythes, son archet feule et frémit, s’hystérise, lutte, faisant du violon une créature sensuelle qu’elle n’entend pas, au contraire de Danczowska, dompter. Cette manière quasi expressionniste s’approche bien plus du ton prophétique qu’y mettait l’immense Wanda Wilkomirska. Le piano de Detlev Eisinger bute un rien à imaginer l’orchestre virtuel dont Szymanowski para ses accords, la partie est difficile, mais à la fin je sors de ses Mythes comme le Roi Roger ébloui du soleil. Elle réussit tout particulièrement Narcisse, son violon est d’une telle sensualité. La tortueuse Romance la trouve accordée à son humeur, archet sombre qui déploie une longue plainte nocturne, volute sans étoile, très noire, impressionnante par sa concentration. Gagné pour la face Szymanowski. Et Franck ? Je craignais que son archet rêche, son jeu volontiers fulgurant ne se heurte aux subtilités du discours. Mais non, au contraire, elle les réinterprète, phrasant comme si elle déclamait une poésie. C’est stupéfiant dés la grande première phrase, cela vous emporte jusque dans la tempête de l’Allegro où elle prend tout le temps pour composer les contrastes dynamiques, sachant suspendre ce vol noir, cherchant le chant intérieur. La grande errance du mouvement lent, si difficile à faire sentir, sonne d’évidence, l’archet se faisant amer pour le recitativo, vous l’aurez le beau son n’est pas son sujet. Mené avec pondération, le final construit pas à pas cette ascension vers la joie avec quelque chose de beethovénien que je n’y avais jamais entendu. Tout grand disque de celle qui est déjà l’une des plus singulières violonistes de sa génération (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) A contrast of extremes: Szymanowski’s idiosyncratic, often experimental sounds meet the direct musical language of Franck’s Romantic Violin Sonata. Franziska Pietsch and Detlev Eisinger bring out the thrilling contrasts with great expressiveness.
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