Dix années séparent le Trio (1897) plein de fantaisie poétique de Nikolai Rimski-Korsakov, et celui si parfait de forme et si surprenant de ton, brossé à fresque par Sergei Taneiev. Les réunir sur un disque est une belle idée, qui démontre que la musique de chambre fut une vraie question pour les musiciens russe au tournant du XXe Siècle. Pourtant Rimski-Korsakov laissa son opus inachevé, mais son beau fils, Maximilian Steinberg, qui assista à quelques exécutions parcellaires, estima qu’il méritait d’être complété, et lui offrit les mesures qui lui manquaient. Il a eu raison, car l’ouvrage comporte nombre d’idées saisissantes et bien des échappées-belles, le compositeur y mêlant des éléments typiquement russes avec un lyrisme où passe l’ombre de Schumann. On y gagne au fond la plus belle œuvre écrite pour la chambre par l’auteur de "Shéhérazade" qui éclaire son parcours musical d’un éclairage singulier. Le piano vif argent de Tim Horton entraine ses amis dans une lecture alerte, où le génie des couleurs joue à plein. Après tant de soleil, et de telles ouvertures, le Trio de Sergei Taneiev rayonne dans sa hautaine splendeur, contrepoint arqué et polyphonie savante, mais réserve aussi des surprises désarmantes, comme les pages si émouvantes de l’Andante espressivo où le violon et le violoncelle s’enlacent, où le ton amoroso et effusif du final. Le grand Trio de Tchaikovski n’est pas si loin, et les Leonore l’entendent bien ainsi. Magnifique version qui dit tout de deux opus relativement peu couru au disque (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Rimsky-Korsakov described Taneyev’s best music as possessing ‘a wealth of beauty and expressiveness’, a verdict with which no one is likely to disagree after hearing the piano trio recorded here. Rimsky was (unjustly) disparaging towards his own, unfinished, trio, which emerges as a brooding, substantial work well worthy of revival.
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