En 1950, Alexander Goldenweiser, que la muse de la composition n’avait jamais abandonné, écrivit un vaste Trio "à la mémoire de Serge Rachmaninov" disparu sept ans plus tôt. Sur le modèle de celui que Tchaïkovski dédia à Nikolaï Rubinstein - une élégie, poignante et subtile, suivie d’un thème varié - il écrivit en fait un chef d’œuvre, absolument romantique, de style, d’écriture, de propos, rappelant que son catalogue, largement dédié à son instrument, le piano, s’inscrivait dans l’orbe de ses maitres, Medtner, Scriabine, Rachmaninov justement. Une manière d’écrire absolument sourde à ce que sera devenue la musique soviétique. Evidemment l’œuvre resta sous le boisseau, bien que - miracle ! - Melodiya consentit à l’enregistrer avec rien moins que l’auteur, Leonid Kogan et Mstislav Rostropovitch, en marge de sessions consacrées aux Trios de catoire. Le disque ne connut qu’une diffusion confidentielle. C’est merveille que de pouvoir enfin entendre à nouveau ce Trio, si bien senti et rendu dans ses teintes de crépuscule et son ton de prière automnale par Michaël Schäfer et ses amis. Rien que pour lui, l’album serait déjà essentiel, mais ils y ajoutent celui de Tchaïkovski - respectant l’original où parait un harmonium dans le Quasi variazione ici enregistré en première mondiale dans cette mouture - puis celui de Rachmaninov, sombre déploration dite ici comme un office, justement à la mémoire de l’auteur de La Dame de Pique. L’équilibre entre le piano tout en timbres de Michaël Schäfer, le violon souvent déchirant de lyrisme d’Ilona Then-Bergh, le violoncelle abyssale de Wen-Sinn Yang, la touche infiniment nostalgique de l’ensemble, magnifient cette triple mise en regard (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) In memoriam of a great artist – the three piano trios by Tchaikovsky, Rachmaninoff, and Goldenweiser all share this subtitle. And now three great instrumentalists have joined together, presenting a new GENUIN recording of these landmarks of the repertoire. Michael Schäfer, Ilona Then-Bergh, and Wen-Sinn Yang are no longer unfamiliar names with the Leipzig label, thrilling listeners with new discoveries and rediscoveries that have been broadening the chamber music and solo repertoire and filling in gaps. This time around, it’s a combination of sumptuous Romantic trio literature, played as always with perfect mutual understanding and sensitivity.
|