Avec le même bonheur, la même verve alerte et poétique que dans de précédents enregistrements Michael Schneider et son ensemble poursuivent dans ce 3e volume l’exploration des concertos pour plusieurs instruments de Telemann. Le Cd s’ouvre sur une pièce de circonstance, festive et solennelle, pour 3 trompettes, timbales, deux hautbois, cordes et basse continue. C’est sans doute la pièce la plus « convenue » de l’ensemble et pourtant elle ménage de belles surprises, car Telemann qui sait merveilleusement mêler le spectaculaire à l’intime, fait de ses concertos des sortes d’œuvres gigognes dans lesquels viennent se lover des passages qui « font sonate » tout en se fondant naturellement dans le reste du tissu sonore (dans celui-ci, merveilleux solos de hautbois qui pourraient évoquer une atmosphère nocturne recueillie). Dans le 52:e3 l’adagio où la flûte déploie une délicate mélodie sur fond de pizzicati de cordes est magnifiquement rendu tout comme le presto virevoltant évoquant une sorte de perpetuum mobile qui suit. On détaillerait sans fin les joyaux qu’offre ce disque, qui est une fête de la tendresse et de l’énergie, de la couleur et de la subtilité. Autre qualité de la musique de Telemann magnifiquement servie ici : la capacité qu’à un passage à éveiller dans l’esprit de l’auditeur un autre passage d’une autre œuvre, à susciter une mémoire musicale infinie chez l’auditeur, plus que chez Bach et chez Haendel je crois. Parce que le génie de Telemann consiste à assimiler, à domestiquer des formes, des styles divers, en les intégrant, sans jamais pourtant les empêcher d’évoquer comme un dehors qui n’est que le dedans d’une autre œuvre : et c’est parce que les interprètes savent sans cesse être les mêmes tout en étant toujours différents (il y a dans leur jeu des micronuances, des moirures prodigieuses) que le déploiement de cette mémoire est possible chez l’auditeur. Le projet monumental que constitue cette suite d’enregistrements des concertos se trouve alors à la fois justifié et magnifié. (Bertrand Abraham) The press has acclaimed our Telemann edition’s »stylistically flawless and tonally beautiful interpretations« and »long-echoing listening experiences.« And the concertos forming the third and next-to-last volume of our recording of his concertos with mixed solo instruments again demonstrate not only his high compositional standards but also his frequently mentioned »mixed style« distinguished by multifaceted motivic designs and broadly sustained harmonic developments. The wealth of pithy thematic ideas and the extremely subtle motivic links developed in his concerto movements can hardly be described exhaustively. A masterpiece of special design has been transmitted to us in the three-movement Concerto in D major for Three Horns, Violin, Strings, Oboes, and Basso Continuo (TWV 54: D2). This composition is actually a double concerto for solo violin and solo horn to which two more horns have been added in the tutti segments. The horn trio also engages in »special operations«: the three brass instruments blare a hunting signal into the lively course of musical events toward the end of the opening movement and hold in store yet another surprise in the form of a three-part fanfare.
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