Droit, presque rageur, Marcin Swiatkiewicz lance le Concerto en ré mineur. Pas d’affect, une ligne parfaite qui augmente son tracé à mesure que l’harmonie progresse, que les cordes renforcent un inexorable crescendo où jamais ne cède ce rythme à la limite de l’asphyxie. Ils sont cinq, serrant le texte au plus prés, en étau de sons. Certainement on n’en finira jamais de relire ces Concertos, hier Lars Ulrike Mortensen les inondait de lumière, la lecture des polonais est tout à l’inverse, noire, fuligineuse, concentrée et hautement dramatique, avec quelque chose de tragique que certes les pianistes n’y mirent parfois, mais les clavecinistes guère plus. Le finale reprend cette ligne inexorable qui ignore tout soleil. D’un même tempo inflexible le Concerto en mi majeur sourit à peine plus, concentré, joué avec presque de la fébrilité qui s’entend aussi dans une Sicilienne absolument fascinante, mouvement perpétuel dont les harmonies étranges semblent tourner à vide. Quelle musique ! Et fut-elle jouée jamais aussi sombre, comme une plainte ? L’Allegro sera plus lumineux tout de même mais toujours dans ce tempo qui ne cède rien. Et le Concerto ré majeur ? Soudain le tempo respire plus mais c’est pour mieux se reprendre après l’intrada et filer encore, vite le souffle vous manque, mais pas aux musiciens qui phrasent court et emportent les crescendos dans un geste léger mais définitif. Le temps se suspend dans l’Adagio, sans que les valeurs ne s’attardent, c’est un mouvement perpétuel qui crée le sentiment d’un vertige où le clavecin s’esseule dans ses trilles. Etonnant, dérangeant, fascinant. L’Allegro dansé preste, sans jamais se retourner, est quasi sévère, cherchant plutôt que l’exultation à susciter une danse hautaine, où les talons claquent. Remarquable, j’attends déjà la suite (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Depuis des années Florilegium s’est fait une spécialité de Telemann, ce dont témoigne une avalanche de Diapasons d’Or, 10 de Répertoire, Chocs du Monde de la Musique, Gramophone Awards et Editor’s Choice, etc. Ils nous livrent ici une sélection des Essercizii Musici, gros volume (24 sonates, moitié en solo, moitié en trio) que le compositeur semble avoir écrit dans un but principalement commercial à destination de musiciens amateurs fortunés. L’instrumentarium est donc celui des maisons aisées de l’époque (flûtes diverses, violon, hautbois, viole de gambe, violoncelle, théorbe, clavecin, guitare), présenté dans un maximum de configurations différentes afin de satisfaire un maximum de souscripteurs. L’originalité n’est certes pas la principale qualité des œuvres (Telemann entrepreneur savait qu’il ne fallait pas « choquer le bourgeois » !) mais Florilegium, pourtant peut-être pas à son tout meilleur, trouve les timbres, les effets, le « swing » et les climats qu’il faut : vivaces bondissants, mouvements lents affligés ou rêveurs, pastorale de TWV 42:D9 toute en clichés d’époque… rien de monotone ou d’indifférent qui pousserait à écouter en vaquant à d’autres occupations (même si la logique du recueil n’incite pas à 2 heures d’écoute linéaire et intégrale, mais plutôt à un « picorage » gourmand). L’ensemble paraît avoir le projet d’enregistrer la suite prochainement : chiche ! (Olivier Eterradossi) Regular performances in some of the world’s most prestigious venues have confirmed Florilegium’s status as one of Britain’s most outstanding period instrument ensembles. Since their formation in 1991 they have established a reputation for stylish and exciting interpretations, from intimate chamber works to large-scale orchestral and choral repertoire. This double CD release of Telemann’s Essercizii Musici is Florilegium’s 27th collaboration with Channel Classics
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