Evgeni Koroliov et et Ljupka Hadzigeorgieva consacrent tout un album aux œuvres pianistiques à trois ou quatre mains signées par Stravinski. Des babioles charmantes comme les deux cahiers de Pièces faciles pourtant à peine écrits pour des doigts d’enfant, où l’arrangement « abstrait » des Trois pièces pour quatuor à cordes. Seul, Koroliov distille avec ironie Tango –imitant par instant la guitare, ou débite la Piano Rag-music, doigts froids, contrepoints persiffleurs. Mais évidemment c’est pour le Sacre, version quatre mains du compositeur, qu’on thésaurisera l’album, car contrairement à son extension, pour deux pianos encore tout juste illustrée par François-Frédéric Guy et Jean-Efflam Bavouzet (Chandos), les enregistrements de la mouture originale ne courent pas les rues. Dès l’Introduction pianissimo, la profondeur de l’espace sonore sidère, comme le ton de mystère. Ce Sacre n’est plus un ballet, c’est un rituel. La mise en place est sidérante de précision, millimétrée, le jeu de pédale si savant crée des perspectives sonores où tout l’orchestre de Stravinski se retrouve enserré sans jamais oublier de rayonner de couleurs vives. Pas la peine vraiment d’élargir le spectre avec deux pianos lorsque l’on a une telle science pour faire sonner à vingt doigts un clavier qui toujours projette et jamais ne sature. Et incrédule je vois que cela a été enregistré live. Après leur stupéfiant album Schubert, Evegeni Koroliov et Ljupka Hadzigeorgieva signent à nouveau un maître-disque (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Très intéressant à plusieurs titres : découverte du Duo Koroliov (Evgueni Koroliov et Ljupka Hadzigeorgieva) et d’aspects moins connus de Stravinski, mais aussi découverte d’une série d’enregistrements (ce CD est le 17ème de la Koroliov Series), et de l’éditeur Tacet de Stuttgart. Ecoute captivante, autant pour le jeu à la dynamique ample et subtile des interprètes que pour le choix du programme ou le "climat acoustique" de la réalisation technique. Ce CD regroupe des œuvres pour piano à 2, 3 et 4 mains d’Igor Stravinski (1882-1971), dont le Sacre du Printemps dans sa version pour piano à 4 mains réalisée par le compositeur, pratique courante dans l’histoire du ballet en vue des répétitions par les danseurs. Pour l’oreille familière des couleurs orchestrales et des rythmes du Sacre cette version piano à 4 mains permet d’entrer dans la structure de l’œuvre, et de faire entendre des voix généralement noyées dans la sonorité globale. Diverses pièces "faciles" complètent ce programme magistralement joué par les Koroliov et enregistré par Andreas Speer, fondateur de Tacet. Ce CD donne envie de découvrir d’autres enregistrements d’Evgueni Koroliov en particulier ceux consacrés à Bach. (Benoît Desouches) Evgeni Koroliov has barely returned from the International Classical Music Award ceremony in Ankara and already there is more news from him to announce! On the 100th anniversary of Stravinsky's Rite of Spring, the composer's piano arrangement appears, once again on the TACET label, alongside smaller works, mainly for piano-four-hands, played by Koriolov with his partner, Ljupka Hadžigeorgieva. After Koroliov received the ICMA for his recording of the last three Beethoven Sonatas, he and his wife were finally able to lose the label of "Bach player", which has clung to him ever since György Ligeti made his "Desert Island Disc" comment. This piano version of the Rite exposes aspects of the work that can communicate something new to even the most dyed-in-the-wool fans of the orchestral version. Structures that are absorbed into the dominant tone colours of the orchestral instruments display a quite different balance, and compositional details that, until now have not been apparent, are opened up. The rhythmic drive takes on a new note through the percussive character of the piano's sound and, in the subtle phrasing of the Koroliov's, the lyrical elements take on a surprising colouring.
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