La chanteuse Anne Azéma est aujourd’hui à la tête du Boston Camerata, vénérable ensemble fondé en 1954 et longtemps placé sous la direction de Joel Cohen son director émeritus. En témoigne une riche production discographique, un répertoire pointu et un enthousiasme contagieux. Ce nouvel album consacré à une sélection de motets franco-flamands autour de l’année 1500 prouve que l’ensemble n’a rien perdu de la ferveur des débuts. Anne Azéma et Joel Cohen ont ainsi choisi des pièces intimes destinées à de petits espaces, domestiques ou religieux, et propices à la fête ou à la méditation. À l’exemple de la composition des rosaces ornant la façade des églises et cathédrale, leur écriture est tout à la fois somptueuse et concentrée, foisonnante, riche en détails infimes. Le style en est habituellement sacré et profane, prétexte à des jeux polyphoniques a cappella ou simplement instrumental. Pour ce faire la Camerata a élagué son effectif : quatre voix, deux luths, deux violes, une harpe et une vielle à roue. Programme ciblé mais varié. Stricte homophonie (Hymnes de Isaac) et polyphonie ajourée (Desprez) se côtoient. La chanson "De tous biens plaine" donne lieu à cinq versions, vocales (Agricola, Desprez) ou instrumentale (Ghizeghem). Si les hymnes et les diverses et affriolantes chansons à boire (Certon, Moulu) souffrent des timbres nasillards soi-disant d’époque, la polyphonie des consorts de cordes se déploie avec volupté. Le luth seul ou en duo se réservent quelques danses. Une fort belle réalisation à l’image de ces perles de rosaire en bois à l’ornementation sophistiquée qui ornent la notice. (Jérôme Angouillant) Few things small enough to fit in the palm of the hand can inspire wonder about the limitless potential of human creativity. A collection of early Renaissance devotional objects—elegantly precise boxwood carvings of miniature rosaries, prayer beads and altarpieces, on display as part of a major international exhibition—served as the direct inspiration for this musical program. These objects draw viewers into a private and intimate world of meditation; religious scenes carved with precision and poetry evoke a bygone world of intense spiritual devotion—sometimes tormented, sometimes luminous, but always fascinating. The music in this program is designed to elicit similar sensations in listeners. Originating in northern European circles, contemporary with those who produced these boxwood carvings, these spiritual pieces are not intended for grand cathedrals or public ceremony, but for personal meditation, private chapels and rooms, family houses and assemblies. Like the beads and rosaries, their craftsmanship is precise, superb; rich in subtle details, they lead us to wonder, and to contemplation.
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