Vaughan Williams et Elgar sont tous deux considérés comme les principaux artisans du renouveau de la musique anglaise au XXe siècle. Mais contrairement à son aîné, Vaughan Williams s’attacha à mettre en valeur les chansons populaires de son pays dont on trouve trace dans la plupart des œuvres de son catalogue qui réunit plusieurs centaines de pièces notamment pour la voix. Vaughan Williams fut un maître de l’orchestration, formé auprès de Bruch à Berlin, mais aussi de Ravel en France. Ses neuf Symphonies, la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis et The Lark Ascending sont ses partitions les plus connues hors de Grande-Bretagne. Datée de 1921, la Symphonie n°3 “Pastorale” exprime une forme de panthéisme. Une sorte d’immense rêverie, ponctuée par la voix au caractère contemplatif de la soprano. L’évocation de la campagne anglaise est portée par le scintillement des timbres, une clarté sonore qui dissimule une grande complexité harmonique. On peut, ici, parler d’impressionnisme au sens pictural du terme. Martyn Brabbins traduit ces couleurs diaphanes qui ont totalement disparu dans la violence expressive et verticale de la Symphonie n°5 achevée en 1934. Vaughan Williams affirma que l’œuvre était portée par les changements inquiétants qui se produisaient alors sur le continent européen. Une fois encore, l’interprétation est de grande allure, d’une expression d’autant plus efficace que l’effusion est contenue. La Sarabande « Hélène » fut esquissée en 1914. Le ténor et les chœurs chantent des vers de Marlowe qui célèbre le visage d’Hélène de Troie. Cette cantate dont l’orchestration a été achevée par Martyn Brabbins est d’une grande beauté. Une danse lente du romantisme finissant. (Jean Dandrésy) 1921, Ralph Vaughan Williams fait entrer dans son orchestre tout un paysage, l’animant d’un violon, d’un hautbois, d’une flûte avec l’exactitude d’un peintre. Au cœur des années folles, cet orchestre inventait le sfumato, c’est toute la subtilité de cet art que Martyn Brabbins fait entendre, creusant les espaces du son, épurant les strates sonores afin de faire sourdre le pouvoir évocateur de cette musique hors du temps qui semble vouloir faire oublier la Grande Guerre encore si proche et dont le souvenir vient parfois la hanter. La pure beauté de son interprétation la rapproche de la seconde version d’Adrian Boult par ce raffinement auquel Bryden Thomson préférait des sortilèges plus toxiques. Mais comment résister à de tels tableaux sonores ? Elizabeth Watts met une certaine inquiétude à sa vocalise qui ouvre le lento final, rappelant le chant atmosphérique de Margaret Price. Contraste absolu avec la proclamation apocalyptique qui ouvre sur le brasier de cuivres de la Quatrième Symphonie, la partition la plus radicale coulée de la plume de Ralph Vaughan-Williams. Martyn Brabbins l’assume, tendant les lignes, faisant respirer large la grande forge de cet orchestre monde, retrouvant le ton épique des Stokowski, des Mitropoulos, sans aller jusqu’aux déflagrations d’un Paavo Berglund. En appendice, un inédit écrit au cœur de la Grande Guerre sur le Faust de Marlowe. Vaughan Williams laissa inachevé ce qui semblait devoir devenir une vaste cantate pour ténor, chœur et orchestre, mais comment ne pas entendre qu’il en reprendra l’essence lyrique un quart de siècle plus tard dans sa Serenade to music ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Compelling performances of two very different symphonies, the complex visionary pantheism of the ‘Pastoral’ an ideal foil for the unbridled ferocity of No 4. An added incentive, Martyn Brabbins’s idiomatic realization of Vaughan Williams’s coral Saraband "Helen" (a first recording) is a real discovery.
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