"Verdammt !" se serait exclamé Wilhelm Kempff lors d’une de ces cessions beethoveniennes des années trente : dans le tempo infernal qu’il avait choisi, un trait de la Hammerklavier se refusait. Il faut dire que son jeu ailé et rapidissime était à hauts risques pour la gravure 78 tours qui interdisait les montage et se montrait avare avec les reprises : la première fois avait intérêt à être la bonne, sinon tant pis pour l’artiste ! Malgré les dangers, Kempff alors dans sa quarantaine, ne retrancha rien ni de ses tempos ni de ses prises de risques à vouloir rendre si léger et si sonnant les pianos qu’ils jouent ici, et le résultat est transcendant : non plus un clavier, mais une lyre, une harpe éolienne. La sonorité est magique des bout en bout, le toucher irréel, les rebonds d’un elfe, mais partout s’impose un caractère éruptif qui montre le génie improvisateur que Beethoven mettait à son piano. Le double album des Concertos un peu moins impérissable que celui des Sonates (APR 6018), déparé par un Empereur conduit à la serpe par Peter Raabe, et malgré un saisissant 4e où Van Kempen tend le discours, d’autant que Kempff et le chef néerlandais se retrouveront pour enregistrer l’intégrale au temps du long Playing, mais malgré tout on ne saurait les ignorer, premiers témoignages d’un pianiste qui les incarne et les modèle avec ce toucher venu d’une autre planète (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Wilhelm Kempff had such a long life, and recorded so prolifically in the LP era, that we tend to forget that he began his recording career in 1920 in the acoustic period, and recorded much of Beethoven’s piano output, including four of the five concertos, on 78’s. This set is a companion to the recently issued set of late sonatas (APR6018) and includes what was the first ever recording of Beethoven’s 1st Piano Concerto – a late acoustic recording from 1925 which shows the young Kempff was much more sprightly in this work than he later became. In spite of the primitive recording, the energy of the outer movements and the poetry of the slow movement are not compromised. Concertos 3 to 5, in better sound and featuring the greatest German orchestras of the period, reflect ‘state of the art’ Beethoven interpretation at this time and are a worthy alternative, if less well known, to the Schnabel cycle. The set is filled out with the first ever CD issue of Kempff’s first recording, of a Beethoven Bagatelle and Eccossaises, and a wonderfully extrovert performance of the ‘Rage over a lost penny’ Rondo.
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